Octobre 2019, depuis plus d'un mois, mes sens sont en éveil, des bruits prenants autour de moi, des oiseaux aux chants inconnus, des mots aux consonnances étrangères, des parfums de fleurs et de cuisine exotiques, des odeurs d'égouts parfois à la limite du haut-le-coeur, du sable aussi doux que de la farine, des plantes qui se referment quand on les caresse, une eau chaude où des poissons n'hésitent pas à picorer ma peau, une chaleur intense et lourde, l'odeur piquante de l'encens qui annonce les temples, les prières des moines à la tombée du soir, le lait concentré dans le thé noir, le piment qui surprend et échauffe les papilles, la douceur du temps qui se suspend au coucher du soleil, les soubressauts d'un tuk-tuk qui n'en finit aps de rouler sur des routes cabossées, la poussière qui se soulève et chatouille les narines, les fumées des barbecues qui innondent les trottoirs, le bruit assourdissant des klaxons qui viennent de toutes parts, la musique des cours de danse dans le parc de Hanoï chaque soir, le gluant des desserts sucrés, les saluts chaleureux et joyeux des enfants à pied, en vélo, en scooter et partout des sourires qu'on nous offre, juste pour le plaisir d'échanger... Des sourires que je ne vois pas mais que je ressens par chaque pore de ma peau, comme tout ce que je vis depuis mon arrivée en Asie, fin août. Un bout de feuille qui traîne, et enfin, j'ose reprendre un stylo pour y déposer mon ressenti, je ne me l'étais plus autorisé depuis 15 ans quand le noir a définitivement et complètement envahi ma vie... Le dessin d'un petit Vietnamien fut mon premier dessin, le premier d'une longue série.
Je n'ai pas fait d'école d'art, je suis totalement autodidacte... Je dessine pour exprimer mon ressenti sur le monde que je ne vois pas.